Si Vallenay était conté

LE  LIVRET DONT NOUS REPRODUISONS CI-APRES LES TEXTES , PARU EN MARS 1992, EST ISSU DES RECHERCHES DE  MAURICE  LARGUINAT, L’HISTORIEN DE NOTRE VILLAGE , QUI NOUS A DONNE SON AUTORISATION POUR LE PUBLIER SUR CE SITE , CE DONT NOUS LE REMERCIONS.

ci-dessous la préface de ce document :

Dans les pages qui suivent, nous n’avons pas cherché à faire oeuvre d’érudition, mais seulement fixer quelques notes trouvées çà et là afin que, dans leur brièveté, elles demeurent témoins du passé de notre village.

 

Maurice Larguinat

Mars 1992

 

CARTE D’IDENTITE

N° INSEE                          211 802 707

Code commune              270

Superficie                         2 566 ha

Prés                                    254 ha

Forêts                                 558 ha

Peu à peu Bigny prit la prépondérance. Les écoles sont à Bigny, vers 1862 la gare qui s’établit prend un nom : BIGNY . La Mairie, le Bureau de Poste, un Centre du Culte s’y installent

Il y a très longtemps, une équipe de défricheurs fût frappée par la beauté de ce val verdoyant qu’arrosait un ruisseau abondant, le Nay. Il s’y installèrent, firent souche… et baptisèrent cet endroit privilégié Valnay.

Vallenay (autrefois Valnay) fût l’agglomération, le bourg , tandis que sur il n’y avait qu’une forge et un groupe de maisons où logeait les ouvriers.

 

Peu à peu, s’établirent des hameaux, d’autres groupes de maisons qui prirent noms : l’Orangerie, Sarru, les Robinets, etc… Mais bientôt , le quartier industriel se développant, le nom de Bigny s’étendit à toute l’agglomération.

Ajoutons que tous les noms de communes ont nettement changé au cours des siècles. Les noms terminés en ay et y (il sont nombreux dans notre département) se terminaient à l’époque gallo-romaine en iacus. Valnay était Valniacus (et Bigny eut été Biniacus), leurs habitants les valniacois et les biniacois. On pourrait dire mainenant les biniens et les valnéens.

A titre de curiosité, rappelons certains noms des communes voisines : Chambon (Cambono), Crésançay (Cresanciaci), St Symphorien (St Cyphorien) , Venesmes (Venemessis


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DEUX MOTS DU RELIEF

Lorsqu’on aborde notre commune, en venant de Bourges, par St Loup des Chaumes, on quitte la Champagne berrichonne plate et monotone pour entrer dans le Boischaut qui ainsi commencerait à la côte des Robinets pour s’étendre vers le sud jusqu’au delà du Châtelet et de l’est à l’ouest , de St Amand à La Châtre, région qui ne manque pas de charme avec ses côteaux, ses vallées verdoyantes, ses forêts, ses champs bordés de haies, derniers soubresauts du Massif Central, cela fait sourire.

La point culminant de la région est la tour Malakoff, 314 m (près de St Amand). D’autres points assez élevés se trouvent aux Maisons, à la côte des Billons, et à celle de Noirlac, etc…

Près de la chapelle de Souage, s’élevaient trois ormes que l’on distinguait de la cathédrale de Bourges et, de Souage, on devait deviner par temps clair le Puy de Dôme.

Nos côtes ici sont de 150 m à la gare de Bigny et à l’église de Vallenay et ne dépassent guère 220 m au plateau des Gargots, aux Malissards, au four à chaux et à l’Oisellerie.

Alors qu’autrefois le Berry se confondait avec le diocèse de Bourges et empiètait sur le département actuel voisin, à partir du XIVème siècle ce fût le contraire: les seigneuries voisines empiètèrent sur l’actuel département du Cher. C’est avec la « sirerie » de Bourbon que l’ancien Berry va subir un démembrement le plus grave et le plus complet.

Si en 936 le Bourbonnais existait, c’est à partir de la première moitié du XII ème siècle qu’Archambault VI (et ses successeurs) « arrondirent » leurs domaines du côté de l’Auvergne et du Berry.

Deux mots de nos cours d’eau

Le principal cours d’eau est le Cher qui marque la frontière avec la commune de St Loup des Chaumes. Le Trian sépare Vallenay et Chambon. Enfin , on compte quatre ruisseaux à l’intérieur de la commune : le ruisseau dit des Renardières qui prend sa source sur la commune de Farges et se jette dans le Cher près de la digue des Bordes; le rio Capitaine qui prend sa source dans le bois des Chétives Fonds et qui se jette dans le rio Villatte (né au-dessus du hameau de Sarru) et dont les eaux se perdent dans un champs appelé La Chaume aux Oies.

Le Nay prend sa source dans une sorte de cuvette seulement ouverte au nord-est. Après avoir traversé la Prairie et Sarru où il se décante dans la Fosse aux Boeufs (aujourd’hui supprimée), il termine sa course avec les deux précédents ruisseaux, à  la Chaume aux Oies.

Ces ruisseaux ne peuvent mêler leurs eaux à celles du canal qui sont à un niveau supérieur,; Ces eaux captives constituaient une zone humide où se développait une végétation des marais… et la qualité des terrains diminuait de plus en plus. Près du Pont de la Brûlée certains semblent irrémédiablement perdus.

La solution était de redonner une possibilité à ces ruisseaux d’atteindre le Cher en dépit du canal. Il a été décidé de capter ,à l’aide de profonds fossés, les eaux du rio Villatte près de Preuil et de les adjoindre aux eaux du Nay à l’est de Sarru. L’ensemble emprunte un tuyau de grand diamètre

C’est en 1986 que la municipalité de Bigny entreprit ces importants travaux (bulletin municipal octobre 86).

Ajoutons que la coupure du terrain, chemin et canal, lors du creusement de la profonde tranchée, a permis de retrouver les vestiges d’un pont sur le Nay en direction du gué des Chirettes. Ce sont des pieux de chêne de forme cylindrique de 2 m de long sur o,30 m de diamètre.

Légèrement déjeté à l’est par rapport au chemin actuel, ce pont enjambait le Nay qui coulait à environ 3,50 m en dessous du niveau du chemin de la digue; l’existence de ce pont à ce niveau montre que le canal n’existait pas lors de sa construction ainsi que la digue et qu’il desservait uniquement le gué des Chirettes…que ce gué reste le grand passage puisque du relais de Coudron (créé sous Louis XII, vers 878) on vient, par une route sûre, solide et exempte de péage. Elle débouche sur l’autre rive au départ de tous les chemins menant aux villages et châteaux…

Est-ce la réponse à la question : la digue et le canal sont-ils antérieurs ou postérieurs à la forge de Bigny ? (bulletin municipal octobre 86).

Près de Farges, la commune possède un étang (1 ha) « route de la Brande« , loué à la société de pêche de Bruère.

Du point de vue du climat, nous appartenons au bassin parisien.

L’hiver commence tôt.

« à la Sainte Catherine il s’aberline, à la Saint André il est aberliné ».

Mais cette première apparition est de courte durée. L’hiver s’installe définitivement à Noël ou au 1er  de l’An…encore que depuis quelques années il est bien difficile de fixer un calendrier des temps.

Au point de vue géologique, notre sous-sol appartient aux terrains secondaires jurassiques. On trouve au sud de Vallenay des bancs de calcaire oolithique, c’est-à-dire à petits grains semblables à des oeufs et caractérisés par la présence de fossiles. Des moulages de mollusques comme des ammonites enrouléees en escargots ou en crosses et les élemnites qui ont la forme de petits cigares ou de petits obus se découvrent aisément dans les déblais. Les sols arables sont très différents : essentiellement argileux au bourg de Vallenay où la terre a pu être qualifiée d’amitieuse et est particulièrement difficile à travailler; ils sont sablonneux et légers vers Sarru et le Château de Bigny, formés d’alluvions anciennes.

Sans doute ces carrières on-elles été déjà en activité au temps des gallo-romains qui avaient besoin d’une grande quantité de pierres pour la construction de leurs routes.

Puis, ces ierres furent largement utilisées dans la construction des fondations de la cathédrale de Bourges. On sait les difficultés que rencontraient « Les Pelourdes » (responsables du ravitaillement en pierres pour cet édifice) car il en fallait beaucoup.

L’hiver 1195 avait rendu le transport encore plus dur (les fourmis de Dieu p.92). Les rivières ne pouvaient servir, minces filets d’eau où la moindre barque chargée n’eût pu manoeuvrer.

On comptait depuis Vallenay, sept lieues de chemins défoncés, non empierrés (sauf sur quelques tronçons de vieilles voies romaines) où les chariots chargés de blocs pesants s’enfonçaient jusqu’au moyeu des roues malgré la traction infinie des couples de boeufs attelés en file, aiguillonnés jusqu’au sang… (Parfois trois journées entières s’écoulaient avant qu’un attelage parti de Vallenay atteignit le sommet de la colline St Etienne…)

A la suite de travaux de restauration du prieuré d’ Allichamps à Bruère (édifice du XII ème siècle), on s’est aperçu que l’on avait, en certains endroits, utilisé la pierre de Vallenay (avec celle de La Celle ou de Bruère).

On comprend que ces carrières aient été une source d’activité très importante dans la commune.

Si, vers 1880, Vallenay comptait 1350 habitants, c’est qu’il vivait en partie de ses carrières. Le joli calcaire que l’on extrayait, de dureté moyenne, de belleapparence, mais hélas fragile à la gelée, servit à construire le château de Vouzeron, le balcon de la chambre de commerce de Bourges, le socle du monument aux morts de Dun sur Auron etc… Malheureusement, l’évolution industrielle et commerciale, les difficultés de transport, la dureté du métier de carrier ont amené la décadence de nos carrières.

On ne peut guère parler d’elles sans dire un mot du four à chaux.

Par lui, la calcination des roches calcaires donne de la chaux vive qui au contact de l’eau se transforme en chaux éteinte avec dégagement de chaleur.

En 1863, on dénombrait de 130 à 140 fours à chaux dans le département du Cher.

On sait qu’à partir du mètre cube de pierre cassée (à la masse) soit douze brouettées, on obtient quatre poinçons de chaux vive (environ 800 l) pesant 600 kg. On compte une tonne de charbon et environ huit mètres cubes de pierre pour obtenir cinq tonnes de chaux.

Le produit fini s’en allait pour la construction et l’amendement de terres argileuses (Histoire des fours à chaux de notre région – J.C. Laporte).

Notre four à chaux, situé à la pointe du bois des « Chétives Fonts » jouxtant les carrières, et le long de la D-38 , est une construction qui mériterait d’être sauvée (on y dépose hélas, de plus en plus d’ordures). Il a été parmi les derniers à fonctionner (fin vers 1930).

La gueule du four principal (2,50 m de diamètre ) se trouve au centre d’une plate-forme dallée de 5 m de côté et communiquant avec un 2ème four (diam.2 m). On y accède par un large chemin en pente douce soutenu par une voûte de pierre s’appuyant sur le reste de la construction. Par là, le chaufournier amenait les brouettes de pierre et de charbon qu’il déversait par couches dans le ventre des fours (il y avait 2 fours ,ce qui permettait d’en maintenir 1 en activité).

A la base de cet édifice, on voit encore les 3 ouvertures (celle de face mesure 2,60 m et celles des côtés 1,60 m) munies de grilles horizontales pour maintenir pierres et charbon

DEUX MOTS D’HISTOIRE

La paroisse de Vallenay comptait autrefois trois seigneuries: Bigny, Valnay et La Roche-Verneuil.

Ce dernier fief appartenait au XVIème siècle à Guillaume de la Roche, puis au XVIIIème siècle à la famille de Bonneval, ancêtres du propriétaire actuel, le comte de Jouffroy-Gonsans. Ses aïeux s’installèrent à la Commanderie de Farges en 1742.

Buhot de Kersers, auteur de la précieuse statistique monumentale du Cher, a vainement cherché l’assiette de la seigneurie. Par contre, M.Louis Delorme a retrouvé ,tout près de la ferme, des vestiges du château-fort dont il a utilisé les matériaux et ont peut voir une partie du fossé qui entourait le tertre féodal.

LA MAISON DE BIGNY

On trouve la trace de la Maison de Bigny avant 750, date à laquelle elle possédait la terre de ce nom.

Nous connaissons de cette Maison :

Jehan Chevenon, seigneur de Bigny qui épouse Agnès, fille d’Odonet de Morlac (1303-1317;

Gimonet de Bigny, damoiseau (1323),

Jehan de Bigny (1387…)

A partir de 1392, yous les membres de la lignée de Bigny ayant été tués sur les champs de bataille, l’héritage échût à une demoiselle qui l’apporta, dit-on, en dot à Jean de Chevenon, gentilhomme nivernais (1402-?) à condition que celui-ci joindrait à son nom celui de Bigny et prendrait ses armes- d’azur au lion d’argent, accompagné de 5 poissons (des chevesnes) – et sa devise :

« Nobilitas virtus exaltus exultatque viros  » (le courage ennoblit et exalte les hommes)

Mais cette assertion que l’on trouve dans La Thaumassière est douteuse, nous dit B de Kersers (vol.III p. 318) puisque nous venons de voir qu’un siècle avant, les Chevenon étaient déjà seigneurs de Bigny.

Jusqu’à la fin du XV ème siècle, la Maison de Bigny fit de son manoir sa principale résidence. En 1467, elle achète le château d’Ainay le Vieil. En 1505, son fils Claude fit édifier le ravissant château renaissance qui attire tant de touristes et qu’entoure une enceinte féodale qu’on a surnommée le « petit Carcassonne », propriété actuelle de la famille d’Aligny.

Le château de Bigny connut l’épisode le plus dramatique de la révolution en Berry.

Il faut dire que c’est l’époque où le terrible Laplanche s’installe à Bourges. Il commence par ordonner la descente des cloches… exceptée la plus grosse destinée au tocsin. Il annule les certificats de civisme et exige la liste des suspects…

« Il faut couper des têtes.La révolution ne peut s’affermir qu’autant que son pied baignera dans le sang. Le tribunal ne doit marcher qu’accompagné de la guillotine.

Partout j’ai mis la terreur à l’ordre du jour.

Partout j’ai imposé des contributions sur les riches et les aristocrates; deux jours m’ont suffit à Bourges pour une levée de deux millions ».

On comprend que de tels discours aient déclenché la chasse aux suspects.

Après avoir été dénoncé au club de St Amand par Déséglise (élevé par le marquis), le 15 octobre 1793 (c’est-à-dire le 24 Vendémiaire AN II) on envoie perquisitionner au château de Bigny. L’opération est dirigée par le citoyen Guillemain, Commissaire de l’Assemblée primaire du canton de La Celle Bruère.

Le procès-verbal nous dit :

« Nous nous sommes transportés dans les différents appartements, nous n’y avons rien trouvé qui eût quelque trait avec la royauté, exceptée une vieille tapisserie qui représentait un roi et une reine; j’ai arrêté que les têtes soient déchirées et brûlées et le reste donné aux pauvres.

De là nous nous sommes transportés à la chapelle, nous avons trouvé deux habillements complets à usage de ladite chapelle et un calice et sa patène. J’ai prévenu le citoyen Chevenon qu’il était responsable des dits effets et qu’il les ferait voir quand on le jugera à propos.

De là nous nous sommes transportés dans les greniers, nous avons trouvé dans un vieux coffre beaucoup de parchemins, j’ai arrêté qu’ils soient brûlés sur le champ avec les personnages mentionnés ci-dessus ».

 

Tout en serait resté là si le 3 Brumaire, quatre personnes ne s’étaient présentées à l’agence révolutionnaire de Libreval.

Il s’agit de Bertrand, chirurgien demeurant à La Celle Bruère, Pierre Baudart, ancien maire et officier municipal à Valnay, Jean-Baptiste Trou, demeurant à la forge de Bigny et Jean Moricet demeurant à Farges.

S’emparant de prétendues confidences du citoyen Chevenon, ils le présentent comme un royaliste ardent, méprisant la nation patriote jusqu’à vouloir la réduire « à brouter l’herbe« . Cette dernière remarque fournie par Moricet, proviendrait de Pierre Lefort , jardinier du marquis. Or, d’autres papiers découverts plus tard nous disent que le marquis se servait souvent ,quand il parlait de ses voisins du fameux proverbe « bête à manger du foin« .

Malgré le caractère menaçant de ces révélations, on n’y attache pas d’importance – parce que ces dénonciations a-t-on dit, n’inspiraient aucune espèce de confiance.

Mais les jours passent, le terrible Laplanche demande des actes.

Nous voilà au 27 Brumaire (le 17 Novembre), un individu (dont le nom n’a pas été conservé) se présente et dénonce le nommé Chevenon Bigny pour avoir tenu des « propos révolutionnaires« . Il cite trois témoins et demande d’avertir l’agence révolutionnaire à Bourges.

Cette fois, c’est le coup de grâce. Le marquis est arrêté dans le grand salon du château de Bigny, les envoyés gravissent l’escalier à cheval. Des marches brisées témoignent encore aujourd’hui de ce pénible moment.

Il comparaît devant le Tribunal Criminel le 29 Novembre (9 Frimaire An II). L’audience commence à 9h du matin et ne sera levée qu’à 10h du soir. Malgré la défense du citoyen La Force qui ne néglige aucun moyen pour établir l’innocence de son client, le marquis est déclaré coupable. Le Président Ruffray ne tient pas compte de la pauvreté de l’accusation et le condamne à mort.

Le Marquis exécuté, né en 1748, était le fils du Marquis Claude et Mademoiselle de Beausson ; sa soeur Madeleine, épousa le comte Claude de Boisredon. Il épousa en 1772 Edmée Catherine Jeanne de Boucher de Milly, originaire de Bourgogne. Il eut deux filles décédées peu après leur naissance, puis en 1775, Luce Elisabeth Edmée.

La Marquise et sa fille Luce sont emprisonnées dès février 1794 à Bourges et c’est à ce moment que l’histoire prend un autre tournant grâce à l’entrée du Général Augier, commandant de la Place de Bourges. Ce titre lui confère le droit de visiter les prisons et là il va s’intéresser à la Marquise et à sa fille, et, au bout de quelques temps demandera la main de Luce. La Marquise s’empressa de la lui accorder espérant par là rentrer dans les terres de Bigny et d’ailleurs.

Le général obtint l’élargissement de la Marquise et de sa fille en 1794. Il avait vingt-quatre ans.

La Marquise se retira dans son hôtel de la rue Moyenne (à la place de l’ancienne Poste) qui devint par la suite l’hôtel Aubertot.

 

Certains documents indiquent au contraire que le général et sa famille s’installèrent en l’hôtel de Boisredon de 1794 à 1801.

Cet hôtel construit en 1670 puis acheté en 1700 par l’intendant Dey de Seraucourt qui le transforma, puis par Marie Double veuve du Marquis Charles de Bigny en 1745. Une petite fille de ce Marquis, Madeleine de Bigny, épousa le comte Claude de Boisredon en 1778 et eut pour héritage l’hôtel qui prît le nom de « Hôtel de Boisredon« . Cet hôtel qui se trouve 22 avenue Henri Ducrot est devenu depuis janvier 1939 le palais archi-épiscopal (Mgr Fillou).

Au commencement de l’année 1800, la Marquise, son gendre et sa fille rentrèrent en son vieux manoir de Bigny. Du château il ne restait que les murs. C’est alors que le Baron Augier entreprit de transformer la vieille demeure et de l’embellir.

Il ajouta une aile au vieux manoir donnant directement sur la terrasse, la façade s’ouvrant sur la cour d’honneur. Cette nouvelle construction était attenante au vieux bâtiment médieval.

Il fit combler les fossés et planter des massifs tout autour de la vieille demeure. Il fit ouvrir une seconde porte d’accès à la cour d’honneur, côté nord, et élargir l’ancienne, dota des deux entrées de hautes grilles que l’on admire encore aujourd’hui et qui proviennent des forges de Bigny.

La cour d’honneur était garnie l’été, autour d’un massif en arrondi, d’orangers et de citronniers lui procurant un charme particulier. On  dit que le Général dessina le parc aujourd’hui disparu, inspiré de celui de la Malmaison, demeure de l’impératrice Joséphine.

Enfin il créa de larges avenues accédant au château : avenue des Bordes, avenue de la Digue, avenue des Quatre-chemins. De ce rond-point partaient : avenue de la Brosse, avenue de Bruère, de laquelle se détachait l’avenue de Beaumont conduisant à la vigne du même nom, aujourd’hui disparue. Toutes ces avenues étaient bordées d’un double rang de peupliers. Les avenues des Etangs et de Beaumont ont été coupées en 1864 par la voie de chemin de fer. Cet ensemble conservera sa splendeur jusqu’en 1882.

Ils eurent quatre enfants qui se partagèrent la grande propriété de Bigny:

– Premier lot, Baron Edouard Augier : Serruelle et Venesmes.

– Deuxième lot, Marie-Césarine Augier : le Château de Bigny et les domaines de Bigny.

– Troisième lot, Adrien Augier : Preuil et Sarru.

– Quatrième lot : Edmond Augier : Vallenay, La Gaguerolle et Chambon.

Ajoutons un mot sur le Baron Augier, le Général , qui joua un rôle important après l’exécution du Marquis de Bigny.

Jean-Baptiste Augier né à Bourges en 1769, partit volontaire en 1792, général à l’âge de 24 ans. Il fut grièvement blessé à Bitche , fit la guerre d’Espagne et reçut le commandement de Koenisgberg pendant la guerre de Russie. Député du Cher au Corps législatif, il est commandeur de la Légion d’honneur dès 1804, il devait recevoir la Croix de St Louis en juillet 1814.

Il lâcha Napoléon 1er lorsque Louis XVIII reprit possession du trône et lors du retour de l’île d’Elbe, traita celui qui avait fait sa fortune « d’ennemi commun« .Une si « prudente » politique lui permit de siéger encore à la Chambre Introuvable de 1815 , après que le Roi lui ait accordé le titre de Baron le 31 décembre 1814, titre confirmé par lettres patentes le 1er août 1817.

Sa fin prématurée (50 ans) le 1er septembre 1819 n’était que la conséquence de la blessure de 1794. Il fut vraisemblablement l’un des premiers locataires du Cimetière des Capucins à Bourges qui venait d’être inauguré.

Une foule très nombreuse se pressait à cet enterrement. « Elle ne venait pas – écrit le journaliste – dans la simple intention d’assister à une cérémonie plus ou moins grandiose, ce qu’elle voulait, c’était rendre un dernier hommage au Maréchal de camp Augier. Il était en effet très aimé de la population.affable, ayant un coeur excellent, toujours accueillant, il se conduisait en toutes circonstances avec cette probité et cette douceur qui ne l’ont jamais abandonné. Rendre service était pour lui un règle ». (Extrait de l’article de J de Rupelle).

Marie (ou Maria) Césarine, héritière du château de Bigny , épouse en 1817 Monsieur Aubertot officier d’ordonnance de son père, le Général Baron Augier. Il était lui-même maître de forges, d’abord régisseur de l’usine de Mareuil, en 1814 la comtesse d’Osmond lui cède pour la somme de 656 000 frs les usines de Vierzon, Noyon et Bonneau. Il devient également propriétaire des usines de Clavières. Il fit de Vierzon le centre d’une grande industrie métallurgique. Il développa la production , on dit même qu’il vendit des canons et des boulets aux anglais, ce qui lui valut des poursuites qui s’arrêtèrent avec la chute de l’empire.

C’est lui qui eut le premier l’idée, en 1805/1806, d’utiiser le gaz des fourneaux et chaufferies pour améliorer le chauffage des fours. C’est vers 1810 que l’on déposa le brevet d’invention du « four à réverbère« .

Il meurt en 1814 laissant une veuve avec trois enfants :

Jeanny Aubertot qui épousa un cousin le Marquis Chevenon de Bigny, branche cadette, propriétaire du château et de la terre d’Ainay le Vieil.

– Adrienne Aubertot qui épousa le Comte de Chalus, propriétaire du château et de la terre de La Barre, en Bourbonnais.

Césarine Aubertot qui épousa le Comte Mourin d’Arpheuilles, propriétaire du château et de la terre d’Arpheuilles en Bourbonnais.

Devenue propriétaire du château et de la terre de Bigny, Madame Aubertot continua les aménagements et embellisements de sa propriété.

Elle donna, en particulier, des parcelles de terrain pour permettre un élargissement de la route de Bruère à Vallenay, le long de sa propriété, sur une longueur de 2 km environ, offrant ainsi des promenades agréables. Des bancs de pierre disposés de loin en loin (aujourd’hui disparus) invitaient au repos.

C’est elle qui fit poser les trois croix de pierre aux carrefours (entrée de Sarru, route de Vallenay, chemin de la maisonnette des Rougeaux) d’ailleurs on les a baptisées familièrement les « trois césarines ».

A l’époque où il n’y avait pas de chemin de fer, Madame Aubertot et sa famille partaient pour Paris,dans sa grande berline : les bagages étaient transportés dans un grand chariot à quatre roues attelé de deux chevaux où prenait aussi place la domesticité; la caravane, par l’allée des Bordes, arrivait au Cher en passant le cours d’eau au gué d’Allichamps (qui n’existe plus de nos jours); de là, par le chemin qui passe à l’est de Chateaufer, elle atteignait la grande route nationale. Par étapes, elle s’acheminait vers Paris où elle descendait dans un immeuble voisin de la Madeleine.

Plus tard, dès 1866, Madame Aubertot , pour son hivernage à Paris, utiisa le chemin de fer. Après 1871, Madame Aubertot ne fit plus aucun séjour à Paris, tout son temps se passa à toujours embellir et entretenir soigneusement sa belle propriété. L’été, elle avait près d’elle ses enfants et petits-enfants ; il y avait foule au château: gens de marque et toute une domesticité. L’animation était grande jusqu’en septembre , époque de fin de vacances où chacun rentrait chez soi et les jeunes en pension.

Ainsi se passèrent les dernières années de la bonne châtelaine de Bigny. En 1874, elle perdit sa fille Adrienne, Comtesse de Chalus.

Le 31 décembre1882 , Madame Aubertot s’éteignait; elle n’oublia personne de ses serviteurs; tous furent couchés sur son testament.

Ce fut sa fille, Jeanny, Marquise de Chevenon de Bigny qui devint propriétaire de la terre de Bigny. Elle y séjournait durant les mois d’été et s’attachait à conserver la propriété dans l’état où elle l’avait reçue au décès de sa mère.

Au décès de la Marquise, la terre de Bigny resta indivise entre ses enfants…Puis, les ans aidant, Bigny fut peu à peu délaissé. Le temps et l’humidité ont eu raison de bien des pièces du château (dont l’escalier et les toits sont inscrits à l’inventaire des monuments historiques). Le petit manoir du XIV ème siècle jouxtant l’actuel château menaçait presque ruine: on prit le parti de refaire le toit. C’est l’actuelle propriétaire, Madame Marie-France de Peyronnet (et son mari Xavier) descendante de la famille de Bigny qui assurent cette restauration.

Les toits sont sauvés, les bardeaux de chataîgnier des lucarnes remplacés dans les règles de l’art. Son mari s’est fait menuisier, électricien, plombier….Les carrelages ont été déposés et, remises à jour les magnifiques poutres, soeurs jumelles de celles du musée St Vic de St Amand.

Signalons au passage, que dans le tableau des plus importants contribuables du Cher, en 1830 et 1840 (plus de 2 000 fr de Cens) figurent les familles qui nous occupent.

Ils sont trente à quarante dans notre département , on estime qu’un cens de 2 000 fr équivalait à une fortune d’environ un million de frans de l’époque, somme considérable écrit A.S. TUDESQ.

Nous avons noté que le Baron Augier payait, en 1830, 3 622,97 fr et en 1840, 5 859,17 fr et  Jean Aubertot (père) en 1830, 2 878,57 fr en 1840 , 120 580,46 fr.

Autant dire qu’en dix ans leur fortune a été bien « menée ».

DEUX MOTS D’HISTOIRE

La paroisse de Vallenay comptait autrefois trois seigneuries: Bigny, Valnay et La Roche-Verneuil.

Ce dernier fief appartenait au XVIème siècle à Guillaume de la Roche, puis au XVIIIème siècle à la famille de Bonneval, ancêtres du propriétaire actuel, le comte de Jouffroy-Gonsans. Ses aïeux s’installèrent à la Commanderie de Farges en 1742.

Buhot de Kersers, auteur de la précieuse statistique monumentale du Cher, a vainement cherché l’assiette de la seigneurie. Par contre, M.Louis Delorme a retrouvé ,tout près de la ferme, des vestiges du château-fort dont il a utilisé les matériaux et ont peut voir une partie du fossé qui entourait le tertre féodal.

 

 

LA MAISON DE BIGNY

On trouve la trace de la Maison de Bigny avant 750, date à laquelle elle possédait la terre de ce nom.

Nous connaissons de cette Maison :

Jehan Chevenon, seigneur de Bigny qui épouse Agnès, fille d’Odonet de Morlac (1303-1317;

Gimonet de Bigny, damoiseau (1323),

Jehan de Bigny (1387…)

A partir de 1392, yous les membres de la lignée de Bigny ayant été tués sur les champs de bataille, l’héritage échût à une demoiselle qui l’apporta, dit-on, en dot à Jean de Chevenon, gentilhomme nivernais (1402-?) à condition que celui-ci joindrait à son nom celui de Bigny et prendrait ses armes- d’azur au lion d’argent, accompagné de 5 poissons (des chevesnes) – et sa devise :

« Nobilitas virtus exaltus exultatque viros  » (le courage ennoblit et exalte les hommes)

Mais cette assertion que l’on trouve dans La Thaumassière est douteuse, nous dit B de Kersers (vol.III p. 318) puisque nous venons de voir qu’un siècle avant, les Chevenon étaient déjà seigneurs de Bigny.

Jusqu’à la fin du XV ème siècle, la Maison de Bigny fit de son manoir sa principale résidence. En 1467, elle achète le château d’Ainay le Vieil. En 1505, son fils Claude fit édifier le ravissant château renaissance qui attire tant de touristes et qu’entoure une enceinte féodale qu’on a surnommée le « petit Carcassonne », propriété actuelle de la famille d’Aligny.

Le château de Bigny connut l’épisode le plus dramatique de la révolution en Berry.

Il faut dire que c’est l’époque où le terrible Laplanche s’installe à Bourges. Il commence par ordonner la descente des cloches… exceptée la plus grosse destinée au tocsin. Il annule les certificats de civisme et exige la liste des suspects…

« Il faut couper des têtes.La révolution ne peut s’affermir qu’autant que son pied baignera dans le sang. Le tribunal ne doit marcher qu’accompagné de la guillotine.

Partout j’ai mis la terreur à l’ordre du jour.

Partout j’ai imposé des contributions sur les riches et les aristocrates; deux jours m’ont suffit à Bourges pour une levée de deux millions ».

On comprend que de tels discours aient déclenché la chasse aux suspects.

Après avoir été dénoncé au club de St Amand par Déséglise (élevé par le marquis), le 15 octobre 1793 (c’est-à-dire le 24 Vendémiaire AN II) on envoie perquisitionner au château de Bigny. L’opération est dirigée par le citoyen Guillemain, Commissaire de l’Assemblée primaire du canton de La Celle Bruère.

Le procès-verbal nous dit :

« Nous nous sommes transportés dans les différents appartements, nous n’y avons rien trouvé qui eût quelque trait avec la royauté, exceptée une vieille tapisserie qui représentait un roi et une reine; j’ai arrêté que les têtes soient déchirées et brûlées et le reste donné aux pauvres.

De là nous nous sommes transportés à la chapelle, nous avons trouvé deux habillements complets à usage de ladite chapelle et un calice et sa patène. J’ai prévenu le citoyen Chevenon qu’il était responsable des dits effets et qu’il les ferait voir quand on le jugera à propos.

De là nous nous sommes transportés dans les greniers, nous avons trouvé dans un vieux coffre beaucoup de parchemins, j’ai arrêté qu’ils soient brûlés sur le champ avec les personnages mentionnés ci-dessus ».

Tout en serait resté là si le 3 Brumaire, quatre personnes ne s’étaient présentées à l’agence révolutionnaire de Libreval.

Il s’agit de Bertrand, chirurgien demeurant à La Celle Bruère, Pierre Baudart, ancien maire et officier municipal à Valnay, Jean-Baptiste Trou, demeurant à la forge de Bigny et Jean Moricet demeurant à Farges.

S’emparant de prétendues confidences du citoyen Chevenon, ils le présentent comme un royaliste ardent, méprisant la nation patriote jusqu’à vouloir la réduire « à brouter l’herbe« . Cette dernière remarque fournie par Moricet, proviendrait de Pierre Lefort , jardinier du marquis. Or, d’autres papiers découverts plus tard nous disent que le marquis se servait souvent ,quand il parlait de ses voisins du fameux proverbe « bête à manger du foin« .

Malgré le caractère menaçant de ces révélations, on n’y attache pas d’importance – parce que ces dénonciations a-t-on dit, n’inspiraient aucune espèce de confiance.

Mais les jours passent, le terrible Laplanche demande des actes.

Nous voilà au 27 Brumaire (le 17 Novembre), un individu (dont le nom n’a pas été conservé) se présente et dénonce le nommé Chevenon Bigny pour avoir tenu des « propos révolutionnaires« . Il cite trois témoins et demande d’avertir l’agence révolutionnaire à Bourges.

Cette fois, c’est le coup de grâce. Le marquis est arrêté dans le grand salon du château de Bigny, les envoyés gravissent l’escalier à cheval. Des marches brisées témoignent encore aujourd’hui de ce pénible moment.

Il comparaît devant le Tribunal Criminel le 29 Novembre (9 Frimaire An II). L’audience commence à 9h du matin et ne sera levée qu’à 10h du soir. Malgré la défense du citoyen La Force qui ne néglige aucun moyen pour établir l’innocence de son client, le marquis est déclaré coupable. Le Président Ruffray ne tient pas compte de la pauvreté de l’accusation et le condamne à mort.

Le Marquis exécuté, né en 1748, était le fils du Marquis Claude et Mademoiselle de Beausson ; sa soeur Madeleine, épousa le comte Claude de Boisredon. Il épousa en 1772 Edmée Catherine Jeanne de Boucher de Milly, originaire de Bourgogne. Il eut deux filles décédées peu après leur naissance, puis en 1775, Luce Elisabeth Edmée.

La Marquise et sa fille Luce sont emprisonnées dès février 1794 à Bourges et c’est à ce moment que l’histoire prend un autre tournant grâce à l’entrée du Général Augier, commandant de la Place de Bourges. Ce titre lui confère le droit de visiter les prisons et là il va s’intéresser à la Marquise et à sa fille, et, au bout de quelques temps demandera la main de Luce. La Marquise s’empressa de la lui accorder espérant par là rentrer dans les terres de Bigny et d’ailleurs.

Le général obtint l’élargissement de la Marquise et de sa fille en 1794. Il avait vingt-quatre ans.

La Marquise se retira dans son hôtel de la rue Moyenne (à la place de l’ancienne Poste) qui devint par la suite l’hôtel Aubertot.

Certains documents indiquent au contraire que le général et sa famille s’installèrent en l’hôtel de Boisredon de 1794 à 1801.

Cet hôtel construit en 1670 puis acheté en 1700 par l’intendant Dey de Seraucourt qui le transforma, puis par Marie Double veuve du Marquis Charles de Bigny en 1745. Une petite fille de ce Marquis, Madeleine de Bigny, épousa le comte Claude de Boisredon en 1778 et eut pour héritage l’hôtel qui prît le nom de « Hôtel de Boisredon« . Cet hôtel qui se trouve 22 avenue Henri Ducrot est devenu depuis janvier 1939 le palais archi-épiscopal (Mgr Fillou).

Au commencement de l’année 1800, la Marquise, son gendre et sa fille rentrèrent en son vieux manoir de Bigny. Du château il ne restait que les murs. C’est alors que le Baron Augier entreprit de transformer la vieille demeure et de l’embellir.

Il ajouta une aile au vieux manoir donnant directement sur la terrasse, la façade s’ouvrant sur la cour d’honneur. Cette nouvelle construction était attenante au vieux bâtiment médieval.

Il fit combler les fossés et planter des massifs tout autour de la vieille demeure. Il fit ouvrir une seconde porte d’accès à la cour d’honneur, côté nord, et élargir l’ancienne, dota des deux entrées de hautes grilles que l’on admire encore aujourd’hui et qui proviennent des forges de Bigny.

La cour d’honneur était garnie l’été, autour d’un massif en arrondi, d’orangers et de citronniers lui procurant un charme particulier. On  dit que le Général dessina le parc aujourd’hui disparu, inspiré de celui de la Malmaison, demeure de l’impératrice Joséphine.

Enfin il créa de larges avenues accédant au château : avenue des Bordes, avenue de la Digue, avenue des Quatre-chemins. De ce rond-point partaient : avenue de la Brosse, avenue de Bruère, de laquelle se détachait l’avenue de Beaumont conduisant à la vigne du même nom, aujourd’hui disparue. Toutes ces avenues étaient bordées d’un double rang de peupliers. Les avenues des Etangs et de Beaumont ont été coupées en 1864 par la voie de chemin de fer. Cet ensemble conservera sa splendeur jusqu’en 1882.

Ils eurent quatre enfants qui se partagèrent la grande propriété de Bigny:

– Premier lot, Baron Edouard Augier : Serruelle et Venesmes.

– Deuxième lot, Marie-Césarine Augier : le Château de Bigny et les domaines de Bigny.

– Troisième lot, Adrien Augier : Preuil et Sarru.

– Quatrième lot : Edmond Augier : Vallenay, La Gaguerolle et Chambon.

Ajoutons un mot sur le Baron Augier, le Général , qui joua un rôle important après l’exécution du Marquis de Bigny.

Jean-Baptiste Augier né à Bourges en 1769, partit volontaire en 1792, général à l’âge de 24 ans. Il fut grièvement blessé à Bitche , fit la guerre d’Espagne et reçut le commandement de Koenisgberg pendant la guerre de Russie. Député du Cher au Corps législatif, il est commandeur de la Légion d’honneur dès 1804, il devait recevoir la Croix de St Louis en juillet 1814.

Il lâcha Napoléon 1er lorsque Louis XVIII reprit possession du trône et lors du retour de l’île d’Elbe, traita celui qui avait fait sa fortune « d’ennemi commun« .Une si « prudente » politique lui permit de siéger encore à la Chambre Introuvable de 1815 , après que le Roi lui ait accordé le titre de Baron le 31 décembre 1814, titre confirmé par lettres patentes le 1er août 1817.

Sa fin prématurée (50 ans) le 1er septembre 1819 n’était que la conséquence de la blessure de 1794. Il fut vraisemblablement l’un des premiers locataires du Cimetière des Capucins à Bourges qui venait d’être inauguré.

Une foule très nombreuse se pressait à cet enterrement. « Elle ne venait pas – écrit le journaliste – dans la simple intention d’assister à une cérémonie plus ou moins grandiose, ce qu’elle voulait, c’était rendre un dernier hommage au Maréchal de camp Augier. Il était en effet très aimé de la population.affable, ayant un coeur excellent, toujours accueillant, il se conduisait en toutes circonstances avec cette probité et cette douceur qui ne l’ont jamais abandonné. Rendre service était pour lui un règle ». (Extrait de l’article de J de Rupelle).

Marie (ou Maria) Césarine, héritière du château de Bigny , épouse en 1817 Monsieur Aubertot officier d’ordonnance de son père, le Général Baron Augier. Il était lui-même maître de forges, d’abord régisseur de l’usine de Mareuil, en 1814 la comtesse d’Osmond lui cède pour la somme de 656 000 frs les usines de Vierzon, Noyon et Bonneau. Il devient également propriétaire des usines de Clavières. Il fit de Vierzon le centre d’une grande industrie métallurgique. Il développa la production , on dit même qu’il vendit des canons et des boulets aux anglais, ce qui lui valut des poursuites qui s’arrêtèrent avec la chute de l’empire.

C’est lui qui eut le premier l’idée, en 1805/1806, d’utiiser le gaz des fourneaux et chaufferies pour améliorer le chauffage des fours. C’est vers 1810 que l’on déposa le brevet d’invention du « four à réverbère« .

Il meurt en 1814 laissant une veuve avec trois enfants :

Jeanny Aubertot qui épousa un cousin le Marquis Chevenon de Bigny, branche cadette, propriétaire du château et de la terre d’Ainay le Vieil.

– Adrienne Aubertot qui épousa le Comte de Chalus, propriétaire du château et de la terre de La Barre, en Bourbonnais.

Césarine Aubertot qui épousa le Comte Mourin d’Arpheuilles, propriétaire du château et de la terre d’Arpheuilles en Bourbonnais.

Devenue propriétaire du château et de la terre de Bigny, Madame Aubertot continua les aménagements et embellisements de sa propriété.

Elle donna, en particulier, des parcelles de terrain pour permettre un élargissement de la route de Bruère à Vallenay, le long de sa propriété, sur une longueur de 2 km environ, offrant ainsi des promenades agréables. Des bancs de pierre disposés de loin en loin (aujourd’hui disparus) invitaient au repos.

C’est elle qui fit poser les trois croix de pierre aux carrefours (entrée de Sarru, route de Vallenay, chemin de la maisonnette des Rougeaux) d’ailleurs on les a baptisées familièrement les « trois césarines ».

A l’époque où il n’y avait pas de chemin de fer, Madame Aubertot et sa famille partaient pour Paris,dans sa grande berline : les bagages étaient transportés dans un grand chariot à quatre roues attelé de deux chevaux où prenait aussi place la domesticité; la caravane, par l’allée des Bordes, arrivait au Cher en passant le cours d’eau au gué d’Allichamps (qui n’existe plus de nos jours); de là, par le chemin qui passe à l’est de Chateaufer, elle atteignait la grande route nationale. Par étapes, elle s’acheminait vers Paris où elle descendait dans un immeuble voisin de la Madeleine.

Plus tard, dès 1866, Madame Aubertot , pour son hivernage à Paris, utiisa le chemin de fer. Après 1871, Madame Aubertot ne fit plus aucun séjour à Paris, tout son temps se passa à toujours embellir et entretenir soigneusement sa belle propriété. L’été, elle avait près d’elle ses enfants et petits-enfants ; il y avait foule au château: gens de marque et toute une domesticité. L’animation était grande jusqu’en septembre , époque de fin de vacances où chacun rentrait chez soi et les jeunes en pension.

Ainsi se passèrent les dernières années de la bonne châtelaine de Bigny. En 1874, elle perdit sa fille Adrienne, Comtesse de Chalus.

Le 31 décembre1882 , Madame Aubertot s’éteignait; elle n’oublia personne de ses serviteurs; tous furent couchés sur son testament.

Ce fut sa fille, Jeanny, Marquise de Chevenon de Bigny qui devint propriétaire de la terre de Bigny. Elle y séjournait durant les mois d’été et s’attachait à conserver la propriété dans l’état où elle l’avait reçue au décès de sa mère.

Au décès de la Marquise, la terre de Bigny resta indivise entre ses enfants…Puis, les ans aidant, Bigny fut peu à peu délaissé. Le temps et l’humidité ont eu raison de bien des pièces du château (dont l’escalier et les toits sont inscrits à l’inventaire des monuments historiques). Le petit manoir du XIV ème siècle jouxtant l’actuel château menaçait presque ruine: on prit le parti de refaire le toit. C’est l’actuelle propriétaire, Madame Marie-France de Peyronnet (et son mari Xavier) descendante de la famille de Bigny qui assurent cette restauration.

Les toits sont sauvés, les bardeaux de chataîgnier des lucarnes remplacés dans les règles de l’art. Son mari s’est fait menuisier, électricien, plombier….Les carrelages ont été déposés et, remises à jour les magnifiques poutres, soeurs jumelles de celles du musée St Vic de St Amand.

Signalons au passage, que dans le tableau des plus importants contribuables du Cher, en 1830 et 1840 (plus de 2 000 fr de Cens) figurent les familles qui nous occupent.

Ils sont trente à quarante dans notre département , on estime qu’un cens de 2 000 fr équivalait à une fortune d’environ un million de frans de l’époque, somme considérable écrit A.S. TUDESQ.

Nous avons noté que le Baron Augier payait, en 1830, 3 622,97 fr et en 1840, 5 859,17 fr et  Jean Aubertot (père) en 1830, 2 878,57 fr en 1840 , 120 580,46 fr.

Autant dire qu’en dix ans leur fortune a été bien « menée ».

 

 

                                                                                          

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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